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:: vendredi, mai 02, 2003 ::
J'en ai vu de belles, dans le train, aujourd'hui. Pour une fois, j'ai fait le voyage avec trois hommes, dans cette petite cage à poule pouvant accueillir six personnes.
Un qui s'enfile deux Chimay bleue à la bouteille.
L'autre qui mange des tartines qui puent le paté, et profite du reflet de la fenêtre pour nous observer, mon voisin et moi.
Le troisième, le moins discret, qui débarque comme un fou dans le compartiment, et fait retirer toutes ses affaires au type aux tartines, afin de s'installer contre la fenêtre, en face de moi. Je regarde dehors, j'écoute ma cassette déprimante. Je sens un regard insistant. Bah. Ca m'emmerde, en général, parce que ça sent le malsain à plein nez. Mais là non. Ca ne sent rien. Intriguée, j'essaye de jeter un regard furtif vers lui, alors qu'il baisse les yeux sur son calepin. Et là le choc. C'est un crayon et non un bic, qu'il tient entre ses deux jolies mimines. Et ce brave jeune homme (enfin, jeune... Plus ou moins du même âge que mon ami croûton. Vingt-huit, vingt-neuf ans, par là. Kidding, Sir) me tire... le portrait. Je dois avouer que, à côté de l'étonnement et de l'angoisse qui sont montées en moi à cet instant, j'ai tout de même ressenti un certain plaisir. Cet inconnu me dessine. Pourquoi? En me levant pour feindre d'aller aux toilettes, j'essayai de jeter un coup d'oeil sur son oeuvre. Mais impossible. Son bloc était trop contre lui. Il leva les yeux et me sourit. Je souris en retour. Je me demande encore pourquoi. Pourquoi des paroles n'ont-elles pas accompagné ce sourire.
Il me restait près de deux heures de trajet. Je n'ai pourtant pas échangé un seul mot avec cet homme. Il a continué son oeuvre, sans rien dire. Et je me suis prêtée au jeu sans demander d'explications. Amusant.
Prenez le train.
Il est rare qu'il ne vous arrive rien de saugrenu pendant le trajet.
Ca fait des souvenirs.
:: Asthenie 5/02/2003 10:56:00 PM [+] ::
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